Après avoir fait l´amour
René et Camille restent assez longtemps sans rien dire, sans
bouger, l´un contre l´autre, viande à viande, os
à os, enroulés dans les draps torchonnés chauds
comme un après-midi de juillet et tous les déserts du
silence. Ou le silence du désert ? désert post-coïtus...
Bien qu’un grand nombre d’images, de mots leur tournoyaient
dans l’esprit comme des petits pois, mais il ne faut pas exagérer.
Et puis venait le rite de la cassette glissée dans le magnétophone
minable, qui expirait alors la grésillante, crachotante, tremblante
ode de leurs vingt ans (vains temps ?) ; suivait le thé, substitué
au vin, des gâteaux ne remplaçant rien, des baisers furtifs
dissimulant leur sécheresse, les rideaux, qu’ils finissaient
par ouvrir – et se voir sourire s’aimant, un peu, beaucoup,
à la folie, plus du tout, cuits... |