- Ah oui, le Mur
était tombé, et nous eumes envie de voir la Baltique. - Nous longeâmes le rivage d’une mer qui manque de sel, à la houle timide et d’une marée modeste. - Les poissons d’eau douce ne savent trop qu’y faire, les autres s’y sentent un peu perdus. - Tu pris cette photo. - Peu après nous rencontrâmes un petit groupe, une femme et deux hommes. - Ils cherchaient un site mégalithique. - Ils ne trouvèrent que la tombe d’un soldat inconnu. - Un prisonnier de l’armée rouge, fusillé au début de l’année 1945. - Nous reprîmes la route. La nuit tomba. Au travers du pare-brise nous reconnûmes la voie lactée. - Tu prononças alors cette phrase étonnante : le jour où la voie lactée, laissée en plan, abandonnée par ses voisines, à peine considérée par celles, 36 en nombre, qui auront daigné rester dans ses parages, le jour où, disais-je, la voie lactée tournera sur elle-même, par habitude, tel un manège dont le mécanisme grippé par manque d’huile ralentit et grince, dans un univers parvenu lui-même en fin de course, bidon gonflé, distendu par la faim des grands espaces, refroidi comme il n’est pas permi de l’être, ce jour-là, redis-je, tu ne le verras pas, non. - Et tu répondis : la marée monte, la marée baisse, et c’est étonnant comme nous n’y pouvons rien. |