Selon Camille, comme la parole au chien ou au singe, il ne lui manquait qu’un projecteur pour s’exprimer, à raison de 24 images par secondes. Auquel cas, sa présence parmi les objets dont s’encombrait volontiers René s’avèrerait justifiée.
Selon René, l’impression que lui laissaient les images du film enroulé sur la bobine était d’autant plus forte que justement le projecteur manquait. Il visionnait les quelques 2 mn 30 du film, intérieurement, aussi souvent qu’il le désirait, et le visionnerait ainsi aussi longtemps que le lui permettrait sa mémoire. Il connaissait si bien la scène filmée qu’il la lui raconterait volontiers dans tous ses détails. Camille n’y voyait aucun intérêt, sa réponse néanmoins fut plutôt normande. Les choses en restèrent là. Et parmi elles la bobine.Celle-là ou une autre.
Que montrait-il ce film? Un homme marchait sur un trottoir, trébuchait contre un pot de fleur, manquait de tomber, poursuivait néanmoins sa marche en se retournant pour voir ce qui provoqua presque sa chute, tébuchait de nouveau... Cet homme n’était René (Il filmait) ni Lucien (Il déplaçait le pot). Mireille étant absente, ce ne pouvait être que Camille, assez grossièrement travestie.