- Je ne veux plus les voir. Autrefois globe-trotteuse par la grâce de
la nouille et du ravioli Viaggi, Martine, vieillie mais d’attaque,
voyagait toujours, profitant à l’occasion de ristournes
offertes par les agences suites aux attentats se multipliant dans les
grandes destinations. On rongeant, en triturant le nerf de la branche
touristique, on augmentait la douleur de l’ennemi. Simon Crachin,
directeur d’un obscur bureau d’études dans la société
de Lucien et René, lui proposa L’Egypte. Ils en revinrent
en crissant des dents, du sable plein les chaussures, et ses figurines,
achetées à la va-vite à l’aéroport
international du Caire, Matar al-Qahirah al-Duwaliyy, district d’Héliopolis.
Une semaine de chaleur, de mouches, de cafards, de bruit, de mauvaises
humeurs. Martine voulait se faire photographier devant les pyramides,
Crachin entendait rendre hommage à Louis Pierre-Marie Mouillard.
Désenchantement. Le plateau de Gyseh ressemblait à une
immense cité dortoir, l’auteur auteur de L’empire
de l’air, essai d’ornithologie appliquée à
l’aviation était oublié, son monument détruit
lors de la guerre des six jours. Il y avait de quoi tomber malade. Crachin
le fut. |