Lorsqu’il ne festoyait pas d’une
invariable pizza quattro stagioni dont il décorait la
garniture de ce qu’il pouvait dénicher dans le frigidaire,
doublant par là le nombre des saisons, il cuisinait avec une certaine
réussite les plats préparés qu’il avalait,
trônant dans son lit, avec pour royaume une TV
antédiluvienne, si énorme par rapport à ce qui se
vendait alors qu’on la pouvait comparer au Palais de Justice de
Bruxelles mis en présence d’un bureau de tabac. Il portait
l’une de ces incroyables sorties de bain avec laquelle il se promenait
en affichant une certaine ostentation, paradant au travers de l'atelier
que nous partagions à plusieurs auparavant, et auquel la pièce
où nous nous trouvions ressemblait assez. Nous parlions, nous échangions
des banalités. Je lui posai des questions sur son nouveau séjour,
auxquelles il répondait mais je n’ai plus ses réponses
à l’esprit. Il allait bien, je crois. Ses mouvements n’étaient
pas différents des miens, et pourtant... Je lui tâtai le
bras pour m‘assurer qu’il était vraiment présent
mais aussi vérifier si la rigor mortis qui m’avait
frappé lorsque je lui rendis une visite d’adieu à
son lit de mort avait diminué, ou avait même complètement
disparu. (Extrait du „Catalogue des objets, figures et autres, apparus d’une manière ou d’une autre dans des rêves“) |