Il faut bien commencer. Par ces objets qui. Par ces objets dont nous ne savons que faire après les avoir utilisés. Utilisation aussi peu fonctionnelle, qu’utilitaire la fonction, convenons-en. Commencer donc par un groupe d’objets précis. Ceux-là même qui jour après jour, deux semaines durant, furent ramassés ici et là au cours de promenade dans et autour de Santa Cruz de la Palma, Canaries. Objets ramassés dans le but d’établir quotidiennement une série de cartes aussi fabulatoires que celle de l’antiquité ou du moyen âge.

Les cartes importaient, non les objets. Qu’en faire? Les garder? s’en débarasser? Les enfouir apparut la meilleure solution, ainsi le furent-ils, nuitemment, dans un chantier de construction. La question se reposa encore souvent plus tard, à la vue d’objets achetés, trouvés, reçus en cadeau, conservés dans des cartons, des tiroirs, entassés sur des étagères, présents sans l’être, statuaire dérisoire d’une mythologisation du quotidien.

Au premier enfouissement en succédèrent d’autres, en des lieux généralement déterminés par celui ou celle, qui, y assistant, endossait le rôle de témoin. À cette méthode s’ajouta celle consistant à écrire sur ou à partir de ces objets, et tout aussi incertaine que la réalisation des cartes.

Dans ces lieux, les objets poursuivent désormais une existence souterraine, silencieuse – un silence que n‘interrompra qu‘une éventuelle découverte : nourriture aléatoire pour des archéologues futurs.