Une navette spatiale apparaît donc, à des centaines de kilomètres au-dessus de la terre. La quitte un astronaute motorisé, chevauchant une sorte de scooter et hop, il récupère en un tour de main professionnel un satellite, aussi facilement que s‘il s´agissait d’une mouche. Grésillement, Houston en ligne. Rassurés, et le centre de contrôle, et le spectateur, celui-ci surtout : tout va bien donc tout peut empirer. Des images d´archives défilent, sans doute pour renforcer l´aspect réel, actuel du film, l´actuel d’alors s’entend. Retour sur terre. Un chauffeur de taxi brandit un journal dont la première page annonce la réussite de la mission (cf. le récupérage du satellite) et peste contre les dépenses astronomiques (excusez le jeu de mots) de la Nasa, institution prestigieuse certes, mais véritable panier percé, nid d'hurluberlus matheux surdoués mais jetant l’argent à gauche et à droite. Une femme le hèle (le taxi). Une femme? Il accepte cette dernière course. Un malotru s’accapare le taxi, direction l’aéoroport. Le chauffeur en profite pour aller chercher son chien chez le vétérinaire, pour aller voir son fils s’entraînant au football, peut-être était-ce du base-ball : course de 40 mètres mais n’aboutissant pas. En alternance, des employés de la Nasa chargent un container dans une fourgonnette, puis celle-ci roulant, roulant, roule, arrive au niveau du terrain de football course de 40 mètres du fiston n’aboutissant pas soudain zigzags fols d’une voiture en état flagrant d’ivresse ne respecte pas la priorité route coupée la fourgonnette freine vire s’embarde et retourne. Le chauffeur de taxi s’élance pour porter secour au conducteur sonné assis cul par-dessus tête à la place du mort le dépose hors de la zone de danger car l’explosion de la fourgonnette est imminente: Les véhicules explosent toujours dans ces cas là. „Le container! Le container!“ crie le chauffeur qui a conservé ses esprits et son sens du devoir, „Sortez le container! La fourgonnette va expl...“ Du mort il finalement pris l‘état.
- Les véhicules explosent en effet toujours dans ces cas là, peut-ête cela relève-t-il d’une loi physique propre au cinéma.
- Le chauffeur tente d´extirper le container pris dans la fourgonnette qui explose donc. Exit le chauffeur ou presque. 60% du corps brûlé, au 3ème degré, va pour le 5ème. „10 cl de morphine et on l’opère presto!“ – „Il nous crève! Il nous crève!“. Aparthé : le fils, dont le sprint de 40 mètres s’acheva sur une déception, une de plus, s´était approché de la fourgonnette dont l’explosion avait transformé son père en hot-dog. „Dr Genaway! Dr. Genaway! Il nous... non, regardez!“ Le Dr. et son équipe se penchent, regardent et voient : les brûlures se résorbent, disparaissent, là, devant la caméra, en temps réel. L´impossible se mue en possible. C’est inoui. Incapable de mentir, honnête pour deux, le chauffeur ne peut feindre, simuler, dissimuler : il guérit à vue d’oeil, et se désencomate d’autant, que la science même en reste bouche bée. Ce n’est pas son genre d’occuper un lit où il n’a rien à faire. Aussi se lève-t-il, quitte la chambre et l’hopital sans demander son reste, rentre chez lui prendre une bonne douche. Toc-toc-toc. „J’arrive!“. Flash d’informations relatant l’accident et le miracle de cette guérison mais alors! On ignore bel et bien l’identité du miraculé. Toc-toc-toc à nouveau. C’est le fils, dont la course de 40 mètres n’aboutit qu’à une défaite de plus qu’il lui fallait bien encaisser. Il veut vider le frigidaire pour compenser. Le chauffeur sort de la salle de bain et devant le fait accompli – la vidité du frigidaire – il sort acheter des hamburgers ou quelques nauséités du style au drugstore le plus proche. Toc-toc-toc encore :
- Larry & Harry, FBI. Où est ton daddy?
- Parti acheter des hamburgers ou quelques nauséités du style au drugstore le plus proche.
Celui-ci se fait justement braquer. D’un amateurisme déconcertant, provoqué soit par la peur soit par l’absorbtion de quelque drogue, le délinquant panique et tire dans le tas, c’est à dire dans l’unique client : le chauffeur. Pas mauvais gars dans le fond, il s’excuse. Harry & Larry déboule fbi-aillement. Le chauffeur, appelons-le Taximan, se relève, relève sa chemise. La blessure est là où le projectile a la peau pénétrée.
- ´scusez m´sieur, cé parti tout seul.
Le projectile, non, la blessure disparaît comme disparurent les brûlures, devant, cette fois, les yeux subjugués de Larry & Harry qui en ont pourtant vu d’autres et demandent à Taximan s’il accepterait de venir passer quelque tests dans un laboratoire du FBI. En citoyen toujours prêt à aider là où la cause le nécessite, Taximan répond par l’affirmative. Larry au téléphone :
- Aucun doute Sir, le gars est un phénomène. Cela doit faire une douzaine heures qu’il court sur un tapis roulant et il n’a pas encore montré le moindre signe d’essoufflement. Increvable, c’est le mot. Et comme le savez, en cas de blessure, les cellules, le tissus enfin tout se regénère sans la plus petite intervention extérieure. Un phénomène phénoménal, je ne vous le fais pas dire, Sir. Et puis contrairement à l’homme qui valait un ou cent millions – ou était-ce un milliard? – celui-là ne nous coûte pas un sequin puisqu’il nous tombe gratos dans les mains... Une aubaine!
- très bien, très bien. On en fera un héros, un vrai, un qui ne meurt pas tout de suite et... plus tard non plus, jamais.
- z´avez raison, et c’est ce dont notre pays a grand besoin à c’t’heure, surtout avec la navette qui s’est pété la gueule en direct avec 5 astronautes à bord et des bien mortels ceux-là.
- 5? Z’êtes sûr?
- 5 ou 8 peu importe. En tout cas il n’y avait qu’une navette et celle-là nous ne l’avons plus. Les russes vont se foutre de nous, les contribuables vont faire la gueule en prétendant que la Nasa, le FBI, la CIA le Pentagone bref tout le gouvernement jette son argent par toutes les fenêtres pour des fifrelaines.
- Des fifrelaines? Quelle bande de blaireaux! Revenons plutôt à notre héros.
- Attendez, je vous le passe.
- ???????
- Moi chui Taximan chauffeur de taxi et j’entends bien le rester pour une fois que j’ai un job peinard et en plus j’ai plus l’air d’un raté avec ma femme qui m’a quitté parce que j’en étais un et mon fils qui n’est pas vraiment une réincarnation de Nolan le fameux
- Bien sûr, bien sûr. Mais il en va de la sécurité nationale, c’est pas rien non plus. L’Amérique qui est notre pays à tous, enfin aux américains, vous comme moi, l´Amérique disais-je, a besoin de vous, parce que vous êtes un incroyable phénomène increvable hors du commun et que cela ne nous tombe pas tous les jours du ciel et en plus vous nous faites faire des économies; l´Amérique est sécurisée, les américains payent leurs impôts sans rechigner; vous êtes vous notre meilleur super soldat invincible numéro 1, vous vous battez contre des quantités de méchants que vous envoyez paître le gazon par les racines, vous ne mourez pas, voyez du pays et puis les nanas... et surtout, votre fils, et d’ailleurs votre ex sont fiers de vous – c’est pas rien quand même! Et peut-être finissons-nous pas trouver le truc et produisons des copies de super soldats nr.1 enfin nr.2 et alors vous prenez des vacances comme vous n’en avez sûrement pas pris de toute votre vie, hein? L’Amérique sera la plus forte des nations entre toutes les nations depuis que les nations existent et elle sera bien contente d’en boucher un coin à nos ennemis et aussi à tous ces cons de bouseux pas vraiment patriotes qui pensent que nous organisons des partouzes avec leur pognon et ce qui les emmerdent c’est de ne pas en être! L’avenir de notre pays est entre vos mains Taximan! Vous êtes notre espoir! Surtout depuis la navette qui s’est pétée la gueule le moral est bas, très bas; je vous le dis d’homme à homme sans digression : nous avons la queue en berne.
- Ouais, mais moi chui Taximan chauffeur de taxi et je ne veux pas devenir un lapin d’expérimentation et j’ai les pieds tellement plats que l’armée ne m’a pas réformé puisqu’elle ne m’a même pas jugé digne d’être convoqué. Et puis mon fils, je ne crois pas que ça serait bon pour sa psychologie parce qu’il est en pleine puberté d’avoir pour père un lapin se faisant tripoter jusqu’à ce qu’on le jette à la poubelle une fois qu’il a servi – imaginez l’exemple...
- merde, un con.
Voie ferrée perdue dans le Colorado. Y file un train blindé bondé de soldats survolé par un essaim d’hélicoptères. Le mystérieux convois entre en gare, une gare déserte, enfin façon de parler car elle fourmigrouille de soldats en armes dans ces cas là ils courent généralement dans tous les sens cependant qu’ici et là claque des ordres que personne ne saisit vraiment. Fissa et top secret un container est embarqué dans un wagon et le train repart ni vu ni connu, suivi de toute une armada chenillante, volante, pétaradante etc... Il aborde un tunnel dans lequel il s’engage et
- Castor à Coyote, vous m’entendez?
- Roger.
- Je ne vois pas le train sur mon écran – vous l’avez?
- Coyote à Castor, négatif.
Volatilisé? Non. Pulvérisé? Nenni. Détourné sur une voie secrète par les hommes de main de Maotsan le millionnaire fou et californien les millionnaires ont toujours un grain dans ces cas là. Nous pouvons nous poser la question de savoir si les millions ont rendu Maotsan barge ou si une folie antérieur l‘amena à les gagner. Ne possédant aucune données concrètes sur la pathologie de ce personnage, je n`entrerai dans une aucune spéculation. Tous les millionnaires ne sont pas fous, ni tous les fous millionnaires. Toujours est-il que cet affreux des alpages californiens avait détourné le train „top secret“ de l’armée, ce que celle-ci ignore encore mais aimerait bien savoir, forcément. Une fois le problème posé on est à même de l’analyser et dans le meilleur des cas, le résoudre à son avantage, dans les meilleures conditions possibles, ce qui pour les autorités signifiait redevenir propriétaire du T.T.S avant que les journalistes n’entendent parler de l’affaire et déclenchent la panique, et surtout re-rentrer en possession de son contenu, un container contenant un canon laser dont les capacités destructrices défiaient toute concurence. Mais tant lasère le canon qu’à la fin il chauffe, et justement, comme l’avait prouvé les tests effectués avec ce protoype unique, le système de refroidissement était le point faible de cette arme, son talon d’Achille; en cas de surchauffe le canon explose, se désintègre et adieu. Non seulement au canon mais aussi aux les populations, à la faune, la flora – tout le monde. Et pour commencer, les habitants de San Francisco et alentours, l´abject Maotsan ayant le Golden Gate dans le viseur et menançant de la rayer de la carte si le gouvernement ne lui versait pas 131 millions de dollars cash en petites coupures de 1 (son chiffre porte-bonheur) sur un compte ouvert à cet effet en Suisse qui était alors (et est encore sans doute aujourd´hui) un pays aux banques paradisiaques où mêmes les morts avaient un compte. Ce qu’expliquait Hallowry, un bonze du FBI, à Taximan, en appuyant, illustrant, raffermissant, renchérissant, matelassant, aisonnant, consolidant son dire déjà fort pessimiste en activant une animation 3D dévoilant sans pudeur aucune les dégâts provoqués par le canon si le kidnapper s’en servait, ignorant tout du défaut évoqué plus haut. Et il citait les références dont on se sert habituellement dans ce genre d’exposé : Hiroshima? Pet de mouche. Nagasaki? Flatuosité de batracien. Et notez bien mon cher Taximan, je ne vous montre là que les dégâts matiériels, je mets de côté les victimes; si notre canon explosait elles n‘auraient vraiment aucun soucis à se faire pour leur karma, elles échapperaient définitivement à toute réincarnation. L’unique bénéfice d’une telle catastrophe serait de démontrer empiriquement la possibilité de réduire la matière à moins que rien, et quand je dis moins que rien je ne dis pas autre chose. Et vous, in-cre-va-ble phénomène, vous vous sentirez bien seul alors. Vous m'entendez? Seul. Aussi je vous en conjure, reprenez à Maotsan ce qui nous appartient.
- Ouais mais moi chuy chauffeur de taxi, j’ai les pieds plats, sans compter l’ulcère qui m’est tombé dessus quand ma femme...
- Oubliez le passé.
Affirmatif hochement de tête d’une assistante.
- Ouais, mais qui va s’occuper de mon fils qu’est même foutu de...
- Je vous l’accorde, mais si ça saute, votre rejeton n’aura jamais plus l’occasion d’améliorer quoi que ce soit, je vous le garanti. Et si ce Maotsan désintègre le Golden Gate, ça va faire mal. Déjà avec cette navette qui s’est pétée la gueule, on l’a vraiment mauvaise; alors si le G.G. disparaît de nos cartes postales le monde entier dira que l’Amérique se désagrège et il n’aura pas tort. Devons-nous revivre une nouvelle Têt?
- Mais je ne saurai pas comment m’y prendre et en plus je vais me faire tirer comme un lapin de laboratoire qu’est pas au courant des réalités de la jungle par les pros tireurs d’élite de l’armée privée de votre fou furieux, et si cela se trouve ils auront appris leur métier à Parris Island et vous savez comment cela se termine.
- C’est pas grave! Puisque vous êtes in-cre-va-ble!
Hochement affirmatif de l’assistante qui, inconsciemment ou non, transformait cette invincibilité en un accroissement de la performance sexuelle dont elle pourrait avoir la primeur.
- Mais qui me dit que le truc fonctionne à tous les coups, avec tous les calibres?
- Nous n’avons pas le choix, nous devons prendre patriotiquement le risque.
- Nous?
- Penez au Golden Gate, pensez aux habitant de San Francisco et alentours, pensez à toutes ces familles, comme vous et moi, pensez à la navette qui s’est pété la gueule avec à son bord 5 astronautes si ça se trouve ils étaient 8.
- Dont une femme, Sir. Glissa adroitement l’assistante.
- Ouais, mais pas mon ex, qui m’a quitté sur terre, elle.
- Peu importe, qu´elle soit fidèle ou quitte le domicile...
- Ah mais non, moi c’est pas pareil.
- Une femme est une femme! lança Mlle Benson que le chauffeur échauffait lentement, selon toute vraissemblance.
- Justement.
- Justement. Cela vous changera les idées. Et votre fils, ne sera-t-il pas fier d’avoir pour géniteur un sauveur de Golden Gate, de San Francisco et alentours?
- Ouais, mais c’est pas lui qui se fera percer le lard par tous ces projectiles, ni vous d’ailleurs, mais moi, moi...
- Soyez pas si égoïste!
- ???????
- Et puis (là, Hallowry use de tout son savoir rhétorique et marque une pause pour mieux asséner son dernier atout, qu’il pense majeur), vous ne serez pas seul, Mlle Benson vous accompagnera dans cette entreprise.
-???????
- Mon assistante, l‘un de nos meilleurs agents à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières, sinon la meilleure.
- Bon, mais...
- Affaire conclue!
Taximan va faire ses au-revoirs à son fils qui n’est pas plus une lumière en foot- ou base-ball que dans la vie pratique et se coupe un doigt en ouvrant une dose de limonade. Aussi rapidement qu’il en était sorti le sang retourne dans la plaie, elle se referme. Tel père, tel fils; tel maître, tel chien, tel Guillaume telle pomme; et tant va le film que Taximan rencontre Jack Bear, un vétéran de différentes guerres officielles ou non, dont la mine bourrue est tout à l’honneur de son nom et le coeur, un iceberg ne demandant qu’à fondre. Rejoints par Mlle Benson (et le filius qui s’était adroitement dissimulé dans le break paternel), Bear et Taximan s’embarquent dans un bi-moteur, et c’est parti! La fine équipe met le cap sur les alpages californiens où se trouve – on l’aura devené – le repaire secret du perfide Maotsan. C’est pas dégueulasse comme repaire. Un château moyen-âge genre romantisme rhénan emporté pierre par pierre des Sieben Gebirge, montagnes fameuses dont fait partie la Falaise au Dragon et sur laquelle l´intrépide Siegfried tailla la bestiole en pièces. La nuit tombe. Jack Bear est victime d’un malaise cardiaque et ne maîtrise plus l’avion; Taximan ne va pas beaucoup mieux, peut-être sujet au mal de l‘air. L’avion va – non. Mlle Benson s’empare du manche à balais, remet l’engin dans le bon ordre et le pilote comme s’il s’agissait d’un caddy. Le jour se lève. Bear est froid. Taximan se remet lentement de ses émotions; s’il savait que l’obscurité est néfaste à ses pouvoir extra-terrestres (nausées, perte de connaissance, décroissement des forces etc...), il s’emparerait du parachute le plus proche et sauterait sans demander son reste; s’il savait que les spécialistes du labo FBI savent ce qu’il ne sait pas (ils n’ont pas étudié pour des prunes), il leur en voudrait à mort. On attérit. On entreprend l’ascension d’une montagne au sommet de laquelle est niché le repaire, ainsi que le veut la tradition. Suspence, dangers. Un crotale joue de la castagnette, Mlle Benson dérape, dévisse, déccroche, bascule, rattrapée in extremis par Taximan. Il lui sauve la vie. Elle le regarde, il la regarde. Elle l’invite à dîner. Il refuse, pour l’inviter, elle, à souper. Puisqu’ils en sont là il en profitent pour faire connaissance et avant de devenir – qui sait? – vraiment intimes, échangent des impressions :
1) sur leur vie professionnelle :
- Moi j’étais institutrice mais je déteste les mômes qui sont cons comme leurs pieds et je suis devenue agente spéciale parce que je rafole des trucs dangereux.
- Moi j’étais employé à l’abattoir comme chauffreur-livreur de viande et je suis devenu chauffeur de taxi parce que c’est plus humain.
2) sur leur vie privée :
- Moi je ne me suis jamais marié parce que les maris c’est encore plus cons que les gosses mais beaucoup moins dangereux que les ennemis.
- Moi ma femme m’a quitté mais vous méprenez pas; elle ne s’est pas barrée comme ça en douce avec un autre, ou alors avec l´Eternel, puisqu’elle est morte, et dire „quitté“ ça fait moins mal, même si on passe pour un con.
3) sur la vie tout court :
- Notre vie n’a pas plus de but que l’évolution mais l’important c’est de bien faire son devoir.
Encore un peu et ils tombaient l’un dans les bras de l’autre et vice-versa, laissant leurs hormones prendre l’avantage sur leur devoir, pour ensuite s’unir et échanger leurs jus respectifs au lieu de joindre leur force et mettre un bâton dans la roue de Maotsan qui tourne, elle. L’ennemi ne dort pas, jamais. La preuve : avant même d’avoir pu aborder les préléminaires prévus par la biologie pour faciliter leurs contorsions, les voilà prisonniers des soldats de Maotsan. Ils sont assez mal attifés, les méchants le sont toujours dans ces cas là : pullover à col roulé, veston foncé, pantalon clair, l’une des pires combinations qui se puisse imaginer sous les étoiles. Et pour enfoncer le clou, un écusson ringard genre Cambridge ou Eton orne leur poche poitrine. Tout cela est fort misérable d’aspect mais en parfaite symbiose avec le repaire importé d’Europe et l’allure gentleman-farmer de Maotsan, un ignare bouffi et barbu phantasmant sur Alexandre le Grand mais n’arrivant pas à la cheville d’un Kim Jong-il, et qui pour se prouver qu’il est véritable tyran, prévoit d’exécuter les deux intrus après leur avoir fait subir mille et une tortures. Première du séminaire sur la psychologie, Mlle Benson a aussitôt vu à qui elle avait à faire et d´emblée lui graisse la patte, lui vanille la vanité, l’enrobe de compliments visant principalement sa connaissance pertinente de l’histoire et de ceux qui n´hésitent pas à la faire, glisse à ce titre quelques métaphores napoléoniennes qui ne ratent pas leur cible, bref, le fait reluire comme une douille d’obus astiquée au Miror et puis hop, lui annonce dans la foulée qu’elle passe désormais dans son camp qui est celui des forts.
- Vous voulez me faire marcher, dit alors Maotsan, qui est bête mais pas con, et surtout d’un naturel soupçonneux.
- Non pas! D’ailleurs pour vous prouvez mon dévouement sincère et sans condition je vous ai apporté un cadeau dont vous me direz des nouvelles; c’est du „top secret“ garanti.
- ???????
- Taximan, ici présent.
- ???????
- Un dragueur de merde sentimental à vous en refiler des colliques, mais in-cre-va-ble.
- ???????
- Invinsible, immortel, qu’on peut pas tuer quoi.
- ???????
- Dites à votre gorille de me prêter son arme et vous verrez.
Ci-fait. Elle vise Taximan, pas du tout content de cette brusque et incompréhensible trahison, sourit et pjjjzzztjuit! Le rayon mortel traverse le chauffeur, embrase une armure XVème qui fond comme fromage au four. Voilà le travail. Furax, Taximan tourne et retourne son pan de chemise brûlée, trouée, foutue. Et considère Mlle Benson comme la dernière des salopes; ses pouvoirs extra-terrestres auraient très bien pu se trouver en stand-by, alors c´eut été la surperbe rôtisserie. Mlle s’en fout. Maotsan s’en contrefout. Les gardes à la robe ridicule n’y comprennent que goutte. On va déjeuner, on déjeune toujours dans ces cas là. Après semblables émotions tout le monde la saute, c’est normal. Entre temps Taximan Jr. s’est espioneusement introduit dans le château d’importation après avoir déjoué la surveillance des caméras en les éblouissant au moyen d’une lampe torche; ce qui ne plait pas du tout au garde préposé au contrôle des moniteurs, il préfèrerait goinfré peinard ses zamburgers plutôt que de se triturer les méninges et relier l’effet dont il est indubitablement le témoin à une cause qu’il pourrait analyser et rectifier lui-même ou ce qui est plus vraissemblable, qu’il expliquerait par le biais d’un rapport concis à son supérieur qui pourra juger de la situation et définir une réaction appropriée pouvant résoudre le problème dans les moindres délais.
- ... et le Pentagone, le Clocher d’Ivan le Grand, la Colonne Nelson, la Muraille de Chine, le Palais du Louvre, la pyramide de Sakkhara et pour finir la mosquée de Djenné!
- ???????
- Pour la parité entre les nations. Et alors mon château sera la capitale du monde dont je serai le maître absolu. C’est ça mon plan.
- C’est sacrément géo-stratétique comme plan
Pas de commentaire. Sonnerie de parlophone. Maotsan quitte la table. Taximan en profite pour râfler tous les toasts à portée de sa main car le repas fut d’un végétarisme dictatorial et il a encore un petit creux. Et voilà Conquête qui déboule. C’est la fille unique du futur tyran planétaire dans ces cas là les millionnaires misenthropes tarés ont toujours une fille unique, à défaut d’avoir une épouse. On se demandera bien sûr comment cela peut-il être; si l´enfant est une fille de la pluie et du beau temps ou si, l´épouse ayant mis bas, Maotsan s’en débarassa, pour des raisons que nous ne tenterons pas d’éclaircir ici.
- Merci.
- Vous noterez cependant que le méchant (Maotsan) et le bon (Taximan) se ressemblent plus qu’il n’y paraît à première vue; tous deux connaissant la paternité mais non la vie conjugale.
- La suite.
- Contrairement aux gardes tous grades confondus Conquête est coquettement vêtue d’un déshabillé rose vaporeux insinuant un maillot de bain vert pomme à paillettes dissimulant le corps d’un nymphomane en pleine combustion. Elle clignotte des châsses en direction de Taximan qui n’est certes pas Marlon Brando (genre „L’homme à la peau de serpent“, par exemple) mais tout de même mieux que les gardes obtus dont elle d’ailleurs fait plus que le tour. Ces avances sans équivoques sont réduites à néant par le retour de Maotsan qui repointe un nez qu’il prétend macédonien mais révèle seulement une dégénérescence génétique qui aurait fait le bonheur d’un Zola et dont l’errance au cours des sciècles trouvait son point de chute dans cet avorton complexé avide de destructions et de la gloire y afférant. A l’instar de ses frères prétendants au pouvoir absolu, ce specimen de constitution débile adorait diriger, donner des ordres, et possèdait l’organe vocale nécessaire pour expédier sans discussion chacun dans sa chambre. Taximan Jr. ne se le fit pas dire deux fois et se glissa reptilement dans celle de Maotsan où il put découvrir moult gadgets plus électroniques les uns que les autres ce qui l’exita, à cet âge rien d’anormal. Quel adolescent resterait froid devant la possibilité de jouer avec un game-boy grandeur nature?
- En effet. Continuez.
- Si Maotsan était d`un sang usé il possédait cependant encore suffisament d’instinct de conservation pour soupçonner Mlle Benson et ne pas se laisser berner par sa subite conversion. Dès lors qu’il avait en son pouvoir et le canon laser „top secret“ et l’in-cre-va-ble Taximan, il n’avait pas du tout l’intention de s’embarasser d’une femelle dont l’attitude trahissait une émancipation dévoratrice. Sa lâcheté l’encourageant à ne prendre aucun risque il envisagea donc d’éliminer cette gêneuse le plus rapidement possible non sans lui avoir fait subir mille et une tortures et outrages divers; ça lui apprendrait à bien se tenir. En douce il fit donc charger le C.T.S. dans un semi-remorque et fonça en direction du Golden Gate, car comme tous les obsédés il entendait réaliser son rêve plutôt que de se laisser emberlificoter par les beaux discours que ne manqueraient pas de lui balancer les sbires du FBI lors d’éventuelles négociations et marchandages à la con dont je vous épargnerai la teneur.
- Epargnez moi, épargnez-moi.
- Taximan ronflait de tous ses polypes, Conquête s’introduisit dans sa chambre, il ne ronfla plus. La moue pleine de vice et la moumoune éruptive, elle commence à le papouiller de toutes ces mains en ronronnant que c’est triste à voir d’autant plus qu’elle a transféré sa viande dans des dessous sans doute affriolants mais laissant à découvert certains défaut, peu nombreux mais d’autant plus visibles. Mlle Benson saisit en tout cas l’occasion pour surgir à son tour, poussée moins par la jalousie que sa conscience professionnelle. Sans discours elle file un pain de docker à celle qui est bien la fille de son père et lui dessocle deux ou trois insisives; Conquête tournoie étonnée et s’affale sur le lit...

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