Cela fit soudain „pof!...“ et ce fut, oui, l’obscurité. René se souvint alors comment des années plus tôt, leur hôte, appuyé contre l’évier de la cuisine où lui et Camille avalaient leur petit déjeuner, leur avait demandé, avec cet air sérieux qui ne le quittait pas, qui le menait à parcourir la région dans les villages les plus reculés pour y noter les noms inscrits sur les monuments aux morts : „Voulez-vous voir l’obscurité totale?“. Lucien et Camille voulaient. Il les conduisit hors la ville. Ils pénétrèrent dans une grotte autrefois aménagée, sous une colline, en hôpital militaire de campagne. De l’entrée provenait suffisamment de lumière pour qu’ils puissent reconnaître des lits à étages rouillés, des étagères effondrées, des flacons brisés et force débris modernes, restes de fêtes. L’hôte alluma une lampe-torche et les invita à le suivre dans un étroit couloir où ils avançèrent avec peine pour parvenir enfin dans une seconde salle, vide. „Attention!“ dit alors l’hôte. Et il éteignit sa lampe-torche. L’obscurité était, effectivement, totale.